Cependant, ignorant son malheur, la fille d’Éole compte les nuits ; déjà elle apprête les tissus que doit revêtir son époux, ceux dont elle veut se parer elle-même ; elle se berce du vain espoir d’un retour, elle fait fumer l’encens sur l’autel de tous les dieux ; mais c’est surtout au temple de Junon qu’elle va porter ses pieuses offrandes. Céyx ne pense qu’à son Alcyone, ne parle que de son Alcyone, ne regrette qu’elle seule, et cependant se réjouit de la savoir absente ; il voudrait se tourner encore une fois du côté de sa patrie, et jeter un dernier regard vers son palais ; mais il ne sait où il est, tant est grande l’agitation des ondes, tant les nues couvrent le ciel entier d’un voile épais et redoublent la nuit.